Après Tokyo sanpo et Manabebe Shima, Florent Chavouet se lance dans la fiction.
« Kenji avait emprunté de l’argent à des gens qui n’étaient pas une banque pour ouvrir un restaurant qui n’avait pas de clients. Forcément quand les prêteurs sont revenus, c’était pas pour goûter les plats. »
Heureux possesseur des deux premiers ouvrages de cet auteur, j’étais déjà habitué à son style graphique clair et très coloré. Aussi lorsque j’ai eu en main ce bouquin ma première réaction a été de me dire que ce n’était pas pour moi car l’impression visuelle était assez déconcertante. De plus il n’était plus question de tranches de vie documentaires mais d’un ouvrage de fiction. J’ai donc reposé le livre en me disant que je verrais plus tard.
Puis j’ai lu, sur l’excellent blog de David (plus précisément sur cette page), une critique très intéressante et je me suis dit que j’étais peut-être passé à côté de quelque chose. Je me suis donc mis en quête de ces « petites coupures » que j’ai eu du mal à trouver car je pense que l’ouvrage s’est bien vendu. Bref j’ai fini par me le procurer et je l’ai lu.
L’histoire est racontée par un policier qui nous fait partager son enquête au travers d’un certain nombre de témoignages. Autant dire que le récit se modifie tout au long du roman en fonction du point de vue des différents protagonistes et l’on aura plaisir à revenir sur les pages précédentes afin de croiser les versions des uns et des autres comme le ferait un véritable enquêteur. Et les versions ne manquent pas tant les protagonistes sont nombreux et tant ils cachent de secrets. Je vous laisse le plaisir de découvrir la faune (et le mot n’est pas toujours à prendre au figuré!) nocturne qui anime les quartiers de Shioguni – ville imaginaire mais inspirée de lieux réels.
Graphiquement l’auteur s’est visiblement fait plaisir. Aux habituels crayons de couleur, Florent Chavouet a rajouté une nouvelle technique, à savoir l’utilisation d’encre. D’encre noire surtout ; normal le récit se déroule entièrement de nuit. La mise en page aussi nous étonne car le traditionnel découpage en case bien alignées n’est que peu utilisé ici. Les dessins en pleine page sont nombreux et si la disposition des éléments peut sembler parfois foutraque, elle participe à l’ambiance glauque de ce polar hors-normes.
J’ai finalement passé un très bon moment avec ses « petites coupures ». Je me suis surpris plusieurs fois à éclater de rire au détour d’une page ce qui est toujours agréable! Si vous aimez les expériences originales, je ne peux que vous recommander cet excellent roman graphique qui nous prouve que l’auteur a brillamment réussi son entrée dans le domaine de la fiction.
Petites coupures à Shioguni de Florent Chavouet aux Éditions Philippe Picquier
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C’est gentil de me mentionner.
Sinon, j’ai appris hier que Florent a gagné le prix polar à Angoulême cette année, pour ces mêmes Petites Coupures. 🙂
Oui j’ai vu ça sur le site de Picquier!
Pour la mention pas de souci, ta critique est plus complète que la mienne, comme ça mes lecteurs en apprendront plus et visiteront ton blog 😉